De plus en plus de plateformes de crowdfunding intègrent les cryptos comme moyen de paiement ou de financement. Le phénomène reste marginal mais croît rapidement, porté par la demande des investisseurs décentralisés. Des acteurs comme RealT, CitaDAO, HoneyBricks ou encore Bricktrade permettent déjà d’investir dans des projets immobiliers via des cryptos, en particulier USDC, ETH ou BTC.
Le crowdfunding franchit un cap en intégrant les cryptos
Certaines plateformes vont plus loin en tokenisant directement les actifs. L’investisseur détient alors une fraction d’un bien ou d’un prêt sous forme de token ERC-20. Ce jeton peut parfois se revendre sur un marché secondaire, avec plus ou moins de liquidité. Cette innovation réduit les barrières d’entrée et favorise la fluidité du capital.
Un écosystème parallèle en construction
L’intégration des cryptos bouleverse la chaîne de valeur du crowdfunding. Les étapes de collecte, de contractualisation et de redistribution deviennent automatisées via des smart contracts. Cela limite les coûts de fonctionnement et les erreurs humaines.
Des plateformes comme Conda ou Max Crowdfund testent aussi des modèles hybrides où la blockchain gère la gouvernance et la transparence des projets, mais les flux financiers passent par des stablecoins, pour limiter la volatilité. D’autres comme Fundraisingbox ou Pledge intègrent les dons en crypto, mais sans aller jusqu’à la tokenisation des actifs.
Vers une mutation du profil investisseur
L’arrivée des cryptomonnaies attire une nouvelle catégorie d’investisseurs. Plus jeunes, technophiles, habitués aux produits DeFi, ils cherchent des rendements élevés et une autonomie totale. Ce public, souvent allergique au KYC traditionnel, préfère les plateformes qui proposent des parcours simplifiés, voire pseudonymes.
Cela pousse certains acteurs à envisager des modèles totalement décentralisés de crowdfunding, où les projets sont validés par des DAO (organisations autonomes décentralisées) et financés via des pools de liquidités en crypto.
Mais cette orientation accroît les risques de fraude, d’illiquidité et d’instabilité réglementaire. Les juridictions européennes et américaines commencent à encadrer ces pratiques. La MiCA en Europe et les débats autour des security tokens aux États-Unis ralentissent certains projets ou les forcent à migrer vers des juridictions plus souples.
Crowdfunding: Impacts sur le marché cryptos
L’essor du crowdfunding crypto soutient la demande en stablecoins et tokens adossés à des actifs réels. Cela renforce l’adoption des cryptomonnaies dans l’économie réelle. En retour, cela crée une pression à la hausse sur certaines blockchains comme Ethereum, Polygon ou Avalanche, choisies pour leurs faibles coûts de transaction.
À moyen terme, le lien entre crowdfunding et crypto pourrait atténuer la volatilité des cryptomonnaies. L’adossement à des actifs physiques (biens immobiliers, créances, infrastructures) crée des usages concrets qui stabilisent la valeur des jetons.
En revanche, en cas de retournement du marché ou de baisse de confiance dans un projet tokenisé, les ventes de tokens peuvent provoquer des chocs de liquidité importants.
Extrapolations et tendances à surveiller
La généralisation de la tokenisation des parts de crowdfunding est probable d’ici 2026. Les plateformes les plus agiles intégreront des mécanismes DeFi comme les liquidity pools, les staking rewards ou les NFT de gouvernance.
Voir aussi: DeFi et financement participatif une convergence sous tension
Certaines banques traditionnelles pourraient s’y intéresser, notamment dans les pays où les crypto-actifs sont mieux régulés (Suisse, Émirats, Singapour). Elles chercheront à capturer une part du marché en proposant des fonds tokenisés réglementés.
Enfin, la convergence entre crowdfunding crypto et finance d’impact pourrait créer un segment innovant. Des plateformes comme EnergiToken ou SunExchange montrent déjà que l’investissement crypto peut soutenir des projets énergétiques ou sociaux à forte externalité positive.