SFR au cœur des tractations entre géants télécoms

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SFR revient au centre du jeu. Après des mois de tension financière, la maison mère Altice France a réussi à trouver un fragile équilibre. Patrick Drahi, toujours à la tête du groupe, a négocié début 2025 un accord décisif avec ses créanciers, réduisant la dette de 24 milliards à environ 15,5 milliards d’euros. En échange, les fonds BlackRock, Pimco et Fidelity détiennent désormais 45 % du capital.

La dette d’Altice sous contrôle pour la vente de SFR

Cette restructuration ouvre la voie à une revalorisation des actifs, première étape vers une cession partielle ou totale. Pour les investisseurs, c’est un signal : Altice cherche à se rendre “vendable”, sans perte de contrôle immédiate.

Un portefeuille d’actifs en mouvement

Depuis un an, le groupe a vendu plusieurs de ses piliers : BFM et RMC à CMA CGM pour environ 1,5 milliard d’euros, des data centers, et une participation dans La Poste Mobile. La filiale fibre, XpFibre, considérée comme le joyau d’Altice, est aussi en partie sur le marché. Elle compte plus de 7 millions de lignes FTTH.

Ces cessions stratégiques ont un double objectif : réduire la pression de la dette et rendre chaque entité plus attractive pour d’éventuels repreneurs. Dans ce contexte, SFR devient la pièce maîtresse du puzzle Altice.

Les géants se positionnent

Les trois principaux opérateurs français — Bouygues Telecom, Free (Iliad) et Orange — ont soumis en octobre 2025 une offre conjointe estimée à 17 milliards d’euros pour racheter une large partie des actifs d’Altice France, dont SFR.

Le projet prévoit une répartition : 43 % pour Bouygues, 30 % pour Free, 27 % pour Orange.

Cette alliance inédite vise à éviter une guerre de prix entre concurrents tout en sécurisant une transition ordonnée du parc d’abonnés. Cependant, elle suscite aussi des inquiétudes réglementaires. De plus, un marché à trois opérateurs au lieu de quatre pourrait fragiliser la concurrence et faire remonter les tarifs.

Un cadre juridique sous surveillance

Le tribunal économique de Paris a validé en août 2025 le plan de sauvegarde accélérée d’Altice. Cette décision sécurise les bases juridiques du désendettement, mais ne préjuge pas des suites de la vente. Le gouvernement, la Commission européenne et l’Autorité de la concurrence surveillent de près l’évolution du dossier.

Les obstacles restent nombreux : validation réglementaire, calendrier judiciaire, ajustement de la valorisation de SFR — certains fonds estiment sa valeur entre 20 et 26 milliards d’euros, un écart significatif avec l’offre initiale.

Ce que cela change pour les investisseurs

Pour les investisseurs institutionnels, la restructuration d’Altice offre un scénario de repositionnement sur le marché européen des télécoms. Le risque de défaut massif semble écarté à court terme, mais la valorisation du groupe reste volatile.

Les fonds ayant pris part à la restructuration (BlackRock, Pimco, Fidelity) pourraient bénéficier d’une revalorisation de leurs titres si la vente de SFR aboutit à un prix supérieur à 17 milliards.

Voir aussi: Finance Europe – Une révolution dans la visibilité des investissements pour les particuliers européens

Pour les particuliers actifs sur les plateformes de financement participatif, ce dossier illustre un point clé : le rôle stratégique des fonds de dette et des opérations de désendettement dans les télécoms, un secteur historiquement capitalistique mais aujourd’hui soumis à des rendements en compression.

Deux issues se dessinent.

  1. Si la vente se concrétise d’ici 2026-2027, le paysage français passerait durablement à trois opérateurs. Ce scénario pourrait redéfinir les flux d’investissement. En l’occurrence, avec un retour de valeur pour les actionnaires d’Altice et une simplification du marché.
  2. Si l’opération échoue, Altice devra maintenir un plan de désendettement agressif. Notamment avec des cessions additionnelles (fibre, tours mobiles, B2B) ou une introduction partielle en Bourse.

Dans les deux cas, les investisseurs suivront de près la capacité du groupe à stabiliser sa trésorerie et à préserver la qualité du service de SFR, dont les 20 millions d’abonnés restent un atout stratégique.

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